Véronique Vercheval Photographe
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Le projet de photographier les demandeurs d'asile m'est venu un soir de 94 à Haine-Saint-Pierre. Un centre de réfugiés devait ouvrir. La Croix-Rouge organisait une réunion d'information. Les gens du quartier étaient inquiets. Un membre du Front National, beau parleur, les a affolés en leur expliquant posément, que les demandeurs d'asiles allaient perturber complètement la ville et épuiser les ressources financières louvièroises...
Le Centre ne s'est pas ouvert. Entre-temps les lois sur l'accueil des réfugiés avaient été modifiées et l'accès de la Belgique étant rendu plus difficile, l'ouverture de ce nouveau Centre ne se justifiait plus.
Il reste que la méconnaissance du demandeur d'asile (comme la méconnaissance de l'autre en général) est à la source du réflexe de peur et, de ce fait, favorise l'exclusion.
En 1995, le Quotidien des électeurs me proposait une carte blanche photographique. Cela m'a donné l'occasion d'approfondir le sujet et m'a entraîné dans les différents Centres de Réfugiés que la Croix-rouge a ouvert en Communauté française.
Situés dans le Namurois, Yvoir, Waulsort et Hastières sont de beaux villages, parfaits pour les vacances mais peu indiqués pour des réfugiés qui se retrouvent ainsi loin de la ville, des lieux où trouver de l'aide ou de l'information sur leur situation.
Dans ces grandes maisons, la vie en communauté s'organise, plus ou moins bien selon les lieux et les personnalités.
L'histoire de chacun est poignante. Elle évoque la fuite, les amis perdus, la maison abandonnée, la famille qu'on ne reverra plus. Ils rêvent tous de trouver ici un logement, du travail, vite...
J'expliquais un jour à l'un d'eux qu'il aurait beaucoup de mal à trouver tout cela. Que chez nous, les logements bon marché sont rares, qu'ils ne sont pas pour les réfugiés et que le travail ne se partage pas.
Il m'a regardé d'un air surpris et il m'a dit: "Mais on est dans un pays capitaliste alors!"
Beaucoup d'entre eux sont déjà repartis, refusés par la Belgique. Je ne sais pas qui a effectivement quitté le pays ou s'est enfuit pour se retrouver dans la clandestinité.
Tout plutôt que retourner chez eux !
Véronique Vercheval, septembre 1999







